Certaines se souviendront de l'appel que j'avais lancé à propos d'un tableau qui avait retenu mon attention, mais que je n'arrivais pas à trouver.

Le village de Sara Guermani

J'avais alors dis que je le mettais dans mes projets, voilà qui est fait.J'ai pris le printemps. Je viens de réaliser la première page (sur 6). Il reste le costume de la petite fille à la balançoire, il me manque une couleur. Je vais ajouter des yeux à la petite fille de face.

Au fil des petites croix, une foule de souvenirs sont remontés à la surface. C'est très bizarre. Bien que ce soit un village italien, je suppose, moi je me suis retrouvé en 1959 auprès de ma grand-mère maternelle.

Cette année là le Cameroun était devenu très instable, tous les endroits habités par les français étaient attaqués et dévastés, les occupants souvent tués. J'étais scolarisée à l'époque, et septembre 1959, Maman prenant peur pour moi, m'a mise dans le premier avion en partance pour la France. De mon voyage en DC8, je ne m'en souviens pas, j'ai été accueillie par mon oncle à Orly et me voilà chez ma Grand-mère en Normandie.

L'ÉCOLE DE PONTORSON (Manche 50)

Vite l'on m'a scolarisée et me voici dans une école de Religieuses, Tout de gris vêtues, la tête enfermée dans une sorte de cagoule blanche, ne laissant dépasser aucun cheveux, il ne fallait pas, une petite coque blanche, rigide, surmontait le front, le tout coiffé d'un grand voile gris. Elles déambulaient telle la grande faucheuse

Le bâtiment, je ne m'en souviens pas , juste un vaste réfectoire avec des repas insipides, absolument pas appétents, et qu'une Sœur servait avec une grande louche, comme on donne à manger aux cochons. Repas que je ne parvenais pas à terminer malgré les punitions infligées, j'étais si chétive qu'il fallait me gaver un peu mais comment, certes pas en me forçant.

Un immense dortoir, avec des lits alignés et au centre cachée derrière des tentures blanches, la Sœur qui devait veiller sur nous. Il ne fallait pas parler, pas pleurer, sous peine d'être brimés. J'ai parfois cru qu'elles n'avaient aucun cœur.

Et la salle de classe, les bureaux de bois avec l'encrier en verre ou porcelaine, et son encre violette préparée avec des paillettes, et que la Sœur ou un élève choisi parmi les grands, versait tous les matins. Le porte-plume qui tachait les doigts et faisait des pâtés sur nos pages d'écriture. Nous n'avions qu'un crayon gris, une gomme et cette fichue plume,que j'avais du mal à tenir.

Comme j'ai eu froid cette année là, pardi, fraîche arrivée du Cameroun, l'hiver pour moi a été rude. Pour me couvrir ma grand mère m'avait fait faire un ensemble, pantalon/robe, écossais vert et bleu. Imaginez une gamine, pas tout à fait 10 ans, avec un tricot de peau manches longues, un gros collant de laine, de grosses chaussettes de laine, un sous pull, un pantalon, (comme le pantalon était interdit au pensionnat), il était masqué par une robe col claudine du même tissus qui couvait les genoux, et un bonne veste tricotée, boutonnée jusqu'au col, de grosses chaussures fourrées montantes. Et pour sortir un bonnet et des gros gants de laine et un duffle coat. Vous voyez la touche ? Pas besoin de vous dire que pour faire pipi, c'était d'un pratique, d'autant que les WC étaient dehors, avec du journal "le pèlerin" en tant que papier, le plus souvent il y avait du pipi culotte.

Certains d'entre vous ont connus ou fréquentés le même lieux.

Bon j'arrête, j'en laisse pour la prochaine fois, à moins que cela vous ennuie.